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Que sait-on des menaces et de la protection policière dont Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes, dit faire l’objet ?

Que sait-on des menaces et de la protection policière dont Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes, dit faire l'objet ?

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Que sait-on des menaces et de la protection policière dont Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes, dit faire l’objet ?

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« Je suis sous escorte depuis le mois de novembre. Chaque fois que je monte en voiture, je vérifie que mes portières sont bien fermées, que je ne suis pas suivi. Je ne veux pas vivre dans la peur. Je n’attends plus qu’une chose : mon exfiltration. » Les mots de Didier Lemaire, professeur de philosophie du lycée La Plaine de Neauphle à Trappes (Yvelines), ont suscité l’effroi. Depuis la publication de son témoignage dans Le Point vendredi 5 février, l’enseignant enchaîne les interviews. Sur LCI dès dimanche, puis lundi sur RMC, sur CNews et à Sud Radio.
Didier Lemaire raconte être sous « protection » policière, à cause de « menaces » dont il se dit victime. Il affirme être devenu une « cible », après la parution dans L’Obs le 1er novembre, en réaction à l’assassinat de Samuel Paty, d’une lettre ouverte dans laquelle il dénonçait le danger islamiste qui pèse selon lui sur l’école et sur la république tout entière. Mais sa version des faits suscite des interrogations.

Sur LCI, Didier Lemaire décrit en ces termes la protection policière dont il dit faire l’objet : « A l’entrée et à la sortie de l’établissement, les policiers m’accompagnent. Ils vérifient que je ne suis pas suivi par une voiture. Il s’agit d’une escorte pour le moment. » Selon nos informations, l’enseignant n’a pas été placé sous la protection du SDLP, le service de la police nationale chargé des missions de sécurité rapprochée. La préfecture des Yvelines a cependant bien donné pour consigne aux policiers de patrouiller aux abords du lycée, en particulier aux heures d’arrivée et de sortie de l’enseignant, ainsi que devant le domicile du professeur.

« Je ne peux pas préciser tous les points du dispositif policier parce que personne n’a à le savoir, mais mes entrées et mes sorties sont bien protégées. »
Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes
à franceinfo

Ces patrouilles ont été ordonnées, non en raison d’un risque identifié – Didier Lemaire n’est pas protégé comme pourrait l’être un enseignant visé par des menaces après des propos tenus en cours – mais de manière préventive, compte tenu de ses prises de position publiques et du contexte dans lequel elles s’inscrivent. La lettre ouverte de Didier Lemaire est parue une quinzaine de jours seulement après la décapitation de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, provoquant la colère du père d’une élève.

Dans sa lettre parue dans L’Obs, Didier Lemaire alerte avec force sur « la progression d’une emprise communautaire toujours plus forte sur les consciences et sur les corps ». Il fustige « l’absence de stratégie » des dirigeants politiques « pour vaincre ce fléau mortifère » et se demande comment enseigner dans ces conditions. “Nous sommes au début d’une guerre par la terreur qui va se généraliser et s’amplifier parce qu’une grande partie de nos concitoyens préfère ne pas voir que c’est notre héritage qui est menacé », écrit-il.
Le professeur tenait déjà des propos similaires dans une lettre adressée à Emmanuel Macron en mars 2018 et cosignée par Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l’Education nationale, auteur en 2020 de Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école. On retrouve aussi ce ton dans un texte qu’il a écrit à l’occasion d’un colloque de la FSU sur « les processus de radicalisation à l’école » en décembre 2018, dans lequel il faisait part de son expérience et de sa prise de conscience.
Après sa lettre ouverte dans L’Obs, Didier Lemaire a été reçu, « à sa demande », par les services en charge des questions de sécurité à l’académie de Versailles, indique cette dernière dans un communiqué. Un « signalement » a alors « immédiatement » été fait auprès du commissariat de Trappes et de la préfecture des Yvelines, déclenchant ces mesures de sécurité, poursuit le rectorat.

Ces patrouilles devaient prendre fin en janvier, en accord avec Didier Lemaire, le professeur n’ayant alors reçu aucune menace particulière, selon nos informations. Mais le 22 janvier, Didier Lemaire est interviewé lors d’un reportage à Trappes de l’émission néerlandaise « Nieuwsuur ». L’équipe de la NOS, la télévision publique des Pays-Bas, entend y montrer l’essor d’un islam politique radical dans cette ville de banlieue parisienne, au moment où s’ouvre en France le débat sur le projet de loi contre les « séparatismes ».
L’enseignant y déclare que « le salafisme à Trappes gagne vraiment du terrain ». Le professeur rapporte qu’il a « des élèves qui sont musulmans ou musulmanes et qui [lui] disent eux-mêmes subir des pressions ». Il revient sur sa lettre ouverte, racontant les réactions qu’elle a suscitées dans sa classe. « J’ai des élèves d’une classe qui ont protesté et qui m’ont dit : ‘Pourquoi est-ce que vous avez écrit un article contre nous ?’ Je leur ai expliqué que j’avais écrit un article pour eux et pas du tout contre eux. Justement pour les protéger de cette emprise qui fait qu’il ne peuvent plus être des individus libres. » A Trappes, à partir de 2013, des dizaines d’habitants, radicalisés, ont tenté de rejoindre les rangs des terroristes de l’Etat islamique en Syrie.

« Je sais que maintenant c’est une possibilité pour moi d’être tué demain. »
Didier Lemaire
à « Nieuwsuur »

Après la diffusion de ce reportage, la préfecture des Yvelines a décidé de réactiver les patrouilles, par prudence, selon nos informations. Lundi, alors que les caméras de télévision se pressaient devant les grilles du lycée La Plaine de Neauphle, l’équipage d’un fourgon de la police nationale montait la garde, armé d’un fusil d’assaut et d’un lanceur de balles de défense. « On a un planning. On doit faire des rondes devant le lycée », confirmait un policier à une équipe de France Télévisions.

A la radio comme à la télévision, Didier Lemaire a été interrogé sur ce qu’il sait exactement des menaces dont il dit être la victime.

“Je n’ai pas reçu de menaces de mort directes, en revanche, après ma lettre dans ‘L’Obs’, la ville était en ébullition et c’est pourquoi le commandant de police de Trappes a décidé de me protéger. »
Didier Lemaire
à franceinfo

Au micro de Sud Radio, il évoque « des propos calomnieux », « des accusations » et « des menaces » qui « ont circulé » à Trappes, après que sa lettre ouverte a elle-même « beaucoup circulé » dans la ville et « sur les réseaux sociaux apparemment ».

[#SudRadio #GrandMatinSudRadio]#DidierLemaire, professeur de philosophie à #Trappes sous escorte policière ️ « Je n’ai ni peur ni l’envie de jeter l’éponge parce que je suis passionné par mon métier mais je crois que je suis contraint à jeter l’éponge ».https://t.co/jgxD6KcEX1 pic.twitter.com/ZzxbdNutu9
— Sud Radio (@SudRadio) February 8, 2021

Sur LCI, il affirme avoir été averti du danger par les renseignements territoriaux (RT). « Le commandant de police des RT m’a expliqué que Trappes était en ébullition, que la ville entière discutait de cette lettre et que beaucoup de gens tenaient des propos haineux contre moi, m’accusant d’islamophobie, de racisme, de stigmatisation de cette population », raconte-t-il, jugeant que « ces attaques, après l’assassinat de Samuel Paty, sont une manière de [le] désigner comme une cible ».

Chez Pascal Praud sur CNews, il mentionne une autre source indirecte : « Une ancienne parent d’élève a dit à une journaliste hollandaise que si je continuais de parler de l’islam et de Trappes, je serai le prochain Samuel Paty. » Les menaces le visant trouveraient donc leur origine dans le reportage de la télévision néerlandaise. De tels propos ne sont pourtant pas formulés par les témoins apparaissant à l’antenne. Contactée, la journaliste néerlandaise qui a mené les interviews refuse de confirmer l’existence de ces menaces.

« Après sa diffusion le 22 janvier, la journaliste a transmis à la police française des informations, parce qu’elle était très inquiète pour moi, pour ma sécurité, suite à des propos me désignant comme une cible potentielle, des propos accompagnés de manifestation de colère, vraiment, et des avertissements. »
Didier Lemaire
à franceinfo

Sur CNews comme dans Le Point, Didier Lemaire met également en cause le maire de Trappes, Ali Rabeh, élu sous la bannière Génération.s, le mouvement lancé par Benoît Hamon. « Le maire colporte dans la ville des accusations mensongères et haineuses qui me désignent en tant que cible potentielle. Il m’a traité d’islamophobe et de raciste. (…) Il me jette en pâture et me met en danger. C’est absolument irresponsable de la part d’un élu de la République. »

Invité de Jean-Marc Morandini sur CNews lundi, l’édile a annoncé qu’il allait « porter plainte en diffamation » contre le professeur de philosophie. « Il prétend que j’aurais tenu ces propos à un journal néerlandais (…) et que ces propos auraient été enregistrés. Je suis certain de ne pas avoir tenu ces propos, parce que tout simplement je ne le pense pas. » Le maire dispose d’une lettre, que nous avons pu consulter, signée de l’avocate parisienne de l’émission « Nieuwsuur », dans laquelle celle-ci assure que l’édile n’a pas prononcé les mots « islamophobe » et « raciste » à l’encontre de l’enseignant au cours de l’interview avec la télévision néerlandaise, et que ses propos, certes critiques à l’égard du professeur, n’ont pas été utilisés dans le reportage diffusé. Ali Rabeh assure à l’AFP qu’à sa connaissance, Didier Lemaire « n’a jamais fait l’objet d’une menace sérieuse ».
Le 26 janvier, soit quatre jours après la diffusion du reportage, le parquet de Versailles a ouvert une enquête pour « menaces sur personne chargée de mission de service public ». Celle-ci a été confiée à la police judiciaire de Versailles. « On nous a signalé des inquiétudes vis-à-vis du professeur à l’encontre duquel des menaces auraient été proférées », déclare le parquet à l’AFP, précisant que « les faits ont été portés à notre connaissance par un tiers ».
Selon nos informations, il n’y avait lundi pas de menace précise identifiée contre Didier Lemaire, ni sur les réseaux sociaux ni ailleurs. En dehors de celles qui auraient été rapportées par cette journaliste néerlandaise. Deux élèves de Didier Lemaire, interrogés à l’entrée du lycée lundi par France Télévisions, disent n’avoir jamais entendu parler de menaces visant leur professeur avant la médiatisation de l’affaire. Les enseignants que nous avons pu joindre ne souhaitent pas s’exprimer, mais disent soutenir leur collègue.

L’académie de Versailles indique que Didier Lemaire a été reçu par le service des ressources humaines, qui lui a proposé, s’il le souhaitait, de changer de lycée. Le professeur de philosophie a fait savoir qu’il préférait rester dans son établissement, rapporte le rectorat dans un communiqué diffusé lundi. Le professeur dit aujourd’hui qu’il ne reviendra pas au lycée et pense arrêter sa carrière, pour des raisons de sécurité. « Je pense que ma sécurité est problématique dans un établissement scolaire quel qu’il soit, déclare-t-il sur CNews. Je suis passionné par mon métier, mais je me demande comment je vais pouvoir continuer à l’exercer. »

«Je suis devenu une cible» : Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes, menacé pour avoir soutenu Samuel Paty #HDPros pic.twitter.com/NpbL1DgrVH
— CNEWS (@CNEWS) February 8, 2021

L’enseignant a d’autres activités, plus politiques. Il a fondé un Cercle de réflexion et d’action contre l’emprise islamiste, une association rebaptisée Dire et agir en février 2019. Il a aussi rejoint le Parti républicain solidariste. « C’est un engagement tout récent », confie-t-il à Sud Radio. La petite formation politique, qui revendique son attachement à la laïcité, a pris fait et cause pour celui qu’elle présente comme son secrétaire national.
L’homme, qui se revendique de gauche, prône des mesures très strictes contre l’islamisme, comme l’éloignement des personnes fichées S et l’arrêt de la scolarisation de leurs enfants. Il suggère aussi la création dans chaque académie d’une cellule réunissant les renseignements territoriaux et les chargés de mission à la sécurité du rectorat et souhaite que les chefs d’établissement soient informés de la présence d’élèves dont les parents sont fichés S pour islamisme.

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