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« On appelle à l’aide ceux qui ont une chambre pour qu’ils puissent héberger ceux qui n’ont rien »

"On appelle à l'aide ceux qui ont une chambre pour qu'ils puissent héberger ceux qui n'ont rien"

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« On appelle à l’aide ceux qui ont une chambre pour qu’ils puissent héberger ceux qui n’ont rien »

« Cela fait plus d’un mois que je cherche », « C̦a commence vraiment à être la galère de mon côté, je n’ai toujours pas trouvé de studio et ma rentrée est lundi… » Sur les groupes Facebook d’entraide pour étudiants, les demandes de ce type affluent en cette rentrée universitaire. La première en présentiel depuis le début de la crise sanitaire.
Mi-août, des études des syndicats Unef (lien en PDF) et Fage révélaient déjà une hausse du coût de la rentrée pour les étudiants. En Ile-de-France et dans d’autres grandes villes, la compétition est rude, et les jeunes doivent parfois chercher des solutions d’urgence pour démarrer l’année, en attendant de trouver un toit plus stable.

Le flux s’est rapidement tendu autour de juillet-août. « La période d’avril à juin 2021 avait été propice à plus de flexibilité, en raison du distanciel, qui avait entraîné une augmentation des logements disponibles », explique à franceinfo Amaury Roland, fondateur de Studapart, une plateforme de location spécialisée dans le logement étudiant. Mais le retour en présentiel a engendré un « effet pervers ».

« Il faut maintenant compter le retour des étudiants internationaux, plus de bacheliers et de nombreux étudiants qui poursuivent leurs études, en raison de conditions d’entrée sur le marché du travail difficiles. »
Amaury Roland, fondateur de la plateforme Studapart
à franceinfo

Dans leurs démarches, les étudiants font face à une compétition accrue. « Les réponses des propriétaires ne sont pas systématiques », explique Lucie*, qui s’apprête à commencer un master à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Créteil (Val-de-Marne). « J’ai également eu deux de mes visites annulées. Une, dix minutes avant le rendez-vous et l’autre la veille, m’annonçant que l’appartement était déjà loué. » Myriam, étudiante en marketing, est résignée. « A chaque fois que je cherche un logement à Paris, je sais que c’est un coup de chance si mon dossier passe… » Avec un budget de moins de 700 euros, elle n’a toujours rien trouvé et loge pour l’instant chez ses amis, depuis sa rentrée, fin août.

De manière générale, « il y a plus de demande que d’offre », constate Amaury Roland. A titre de comparaison, l’offre de logements en résidences étudiantes s’élevait à 350 000 places en 2020, selon un rapport du Sénat, pour une population étudiante estimée à près de 2,8 millions pour la rentrée 2021 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Certaines régions sont plus tendues que d’autres. Dans le Nord, par exemple, la rénovation des résidences du Crous sur le campus de Villeneuve-d’Ascq a entraîné un manque de logements vacants pour la rentrée 2021. Sur France Bleu Nord, le directeur général du Crous de Lille Nord Pas-de-Calais annonçait en juin que près d’un tiers des 3 900 chambres de cette cité U ne seraient pas disponibles.

Le problème s’est répercuté sur l’offre de logements disponibles pour les nouveaux inscrits. « Il faut d’abord reloger une bonne partie des étudiants », explique un membre de la Fédération syndicale étudiante (FSE) de Lille à franceinfo. Ces derniers jours, de nombreux jeunes le sollicitent en urgence. « Je reçois 20 à 30 messages par jour sur mon téléphone. Ils viennent me voir avec leurs valises. Ils n’ont pas de solution. » Dans ces moments-là, « on appelle à l’aide ceux qui disposent d’une chambre de 12 à 16 m² pour qu’ils puissent héberger ceux qui n’ont rien ».
Pour ne rien arranger, les étudiants doivent aussi faire face aux arnaques qui pullulent sur internet. « Lorsque je poste des messages sur les groupes Facebook, la plupart des personnes qui me contactent sont des arnaqueurs. Ils ne veulent pas répondre au téléphone et n’acceptent pas de visite », dénonce Anton*, étudiant en philosophie, originaire d’Haïti.

Les arnaques sont parfois recensées sur des sites d’alerte, sur Internet, détaillant les mode de fonctionnement des arnaqueurs.  (CAPTURE ECRAN / FRANCEINFO)

« J’ai dû avoir cinq ou six mails d’arnaques, confirme Lucie*. Souvent, ce sont des offres un peu en dessous des prix du marché et pour des appartements refaits à neuf. » Mais au moment de contacter l’annonceur, de nombreux étudiants reçoivent des mails douteux de « soi-disant propriétaires » qui leur demandent pléthore de justificatifs et parfois même une avance sur le loyer avant de réaliser la visite.

Le besoin est encore plus pressant pour les étudiants éloignés de leur lieu de formation. « J’habite en Essonne, au sud de Paris. Pour me rendre à Créteil en transports, il me faut bien une heure et demie aller, et pareil au retour, quand il n’y a pas de problème », se plaint Lucie*. Certains se préparent même à devoir supporter de très longs trajets.

« Une étudiante m’a contacté en urgence parce qu’en absence de logement, elle s’apprête à commencer sa rentrée en faisant le trajet Paris-Lille tous les jours. »
Un membre de la Fédération syndicale étudiante
à franceinfo

Pour Loran*, qui entre en master à l’Ecole centrale de Nantes, il est déjà trop tard. Sa rentrée a eu lieu le 6 septembre et il est toujours coincé au Kosovo, son pays d’origine. « Je n’ai encore rien trouvé dans mes prix », explique-t-il. Même scénario pour Anton*, dont l’année scolaire a débuté le même jour, et qui se trouve encore en Haïti, dans l’incapacité de venir en France. « J’ai reçu ma lettre d’admission à Paris-Nanterre, en philosophie, mais il me faut un visa d’études. L’ambassade exige des justificatifs de logement pour m’accorder le visa, or je ne trouve rien. »
A l’approche de la rentrée, les étudiants « font souvent une croix sur des critères importants, comme le confort ou la distance avec leur lieu d’enseignement », déplore Amaury Roland. C’est le cas d’Oumou, étudiante à l’école d’architecture de Nantes, qui a dû quitter son logement Crous en urgence à la fin de l’été. Depuis, impossible de louer un nouvel appartement. Pour ne pas se retrouver le bec dans l’eau à la rentrée, elle a opté pour un foyer de jeunes travailleurs. Une solution temporaire qui ne lui permet pas d’avoir tout l’espace dont elle a besoin pour étudier. « Avec les nombreux travaux et maquettes qu’on doit faire, j’ai besoin de place », explique-t-elle.

« En attendant de trouver quelque chose, j’ai dû louer un box pour pouvoir y ranger mes affaires. »
Oumou, étudiante en école d’architecture à Nantes
à franceinfo

De nombreux étudiants interrogés racontent aussi se tourner vers la plateforme Airbnb, à l’instar de Clémence, alternante en marketing de luxe à Paris et dont les débuts en entreprise ont commencé la semaine dernière. « Je vais utiliser ça jusqu’à ce qu’une offre se libère », prévoit-elle. La jeune femme a déjà fait le calcul : si elle loue un Airbnb trois semaines, cela lui coûtera plus de 1 000 euros. Un coût que tous les étudiants ne peuvent pas se permettre. Pour Lucie*, cette option n’est pas envisageable. « De toute façon, Airbnb à Paris, c’est beaucoup trop cher », rétorque-t-elle. Sans solution, beaucoup d’étudiants confient se tourner vers leurs proches, en espérant que la situation, parfois embarrassante, « ne s’éternise pas ».
* Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.


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